Commémoration du 8 Mai !
Voici mon discours en ce jour commémoratif :
« « La guerre est gagnée ! Voici la Victoire ! C’est la Victoire des Nations Unies et c’est la Victoire de la France ! » Tels sont les premiers mots du discours radiodiffusé du Général de Gaulle le 8 mai 1945.
Voilà qui sonne le glas de 6 années d’une guerre terrible, une guerre qui a exterminé tout un peuple et dont on découvre peu à peu la machinerie et l’horreur, la barbarie et l’endoctrinement.
Et pourtant, tout aurait pu être différent si un certain Adolphe Hitler avait été reçu à l’Académie des beaux-Arts de Vienne. Rongé par la rancœur et assoiffé de vengeance, cet inconnu à la fin des années 20 va peu à peu se hisser en politique et construire une dictature prônant l’extermination des juifs, des tziganes, des homosexuels, des handicapés et de tous ceux qui pourraient se mettre en travers de son chemin et de son projet de race pure.
C’est sous-couvert de ce projet que naissent les camps de concentration, puis les camps d’extermination. On voit alors « un p’tit train passer dans la montagne » conduire ces innocents vers des chambres d’où ils ne reviendront pas.
D’aucun diront une cinquantaine d’années plus tard que « dans un livre de mille pages sur la seconde guerre mondiale, les camps de concentration occupent deux pages et les chambres à gaz dix à quinze lignes…un détail ». Comment peut-on réduire cette partie de notre histoire à un détail ? L’histoire est faite, on ne la refera pas mais attisons les flammes du souvenir pour que plus jamais cela ne puisse exister.
Je n’ai pas de mots assez puissants pour évoquer l’importance du souvenir mais ce poème, que je vais vous lire, de Primo Lévi, chimiste italien juif et survivant de la Shoah, « Si c’est un homme » en assoit tout l’intérêt
Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis
Considérez si c’est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connait pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c’est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu’à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N’oubliez pas que cela fut,
Non, ne l’oubliez pas:
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant;
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s’écroule;
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.
Tout est dit.
Au fond, peu importe nos croyances, nos origines et nos particularités, nous sommes tous des êtres humains et nous devrions pouvoir vivre avec nos différences et faire de nos différences, une force. Malheureusement, encore aujourd’hui, la tolérance et le respect ne sont pas acquis. Méfions-nous de ceux qui veulent se servir du désarroi de certains pour assouvir leur soif de gouvernance.
Pensons à tous ceux qui ont sacrifié leurs vies pendant le débarquement pour libérer la France. Tous ceux qui se sont battus pour cette terre qu’ils ne connaissaient pas.
N’oublions pas non plus tous ces Justes qui ont pris le risque de cacher des juifs et qui n’ont pas cherché à être reconnus pour leur bravoure et sont restés des anonymes. Aujourd’hui encore, lorsque je prends une pastille Vichy, j’ai un goût amer. Mais je ne suis pas là pour juger. Qui peut dire de quel côté nous nous serions trouvés sous cette dictature ? « Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d’un troupeau s’il fallait plus que des mots? »
Tout ce que je peux dire c’est que l’horreur a bel et bien existé il n’y a encore pas si longtemps, en Europe et particulièrement chez nous, c’est pourquoi cette commémoration existe…pour ne jamais oublier de se souvenir. « Et qu’on nous épargne à [vous] et moi si possible très longtemps d’avoir à choisir un camp ».
Pour terminer je souhaite remercier Yves Fossé pour sa participation musicale et sa disponibilité pour cette commémoration.
Je remercie et salue aussi notre porte-drapeau, Monsieur René Dheilly, pour son engagement et sa présence.
Enfin merci à tous pour votre présence. »